|
|
| |
|
LA
LUTTE | |
| | |
|
LE
SAMBO
- LA TRADITION RUSSE |
|
Introduction L'engouement récent pour les combats dits " ultimes
" (1) a provoqué un regain d'intérêt du grand public pour les systèmes de combat
composites comme le ju-jitsu et son confrère venu de l'Est, le sambo. Concernant
ce dernier, les incertitudes historiques sont nombreuses : des rumeurs invérifiables
sur Internet, quelques raccourcis dans la presse écrite, l'absence d'ouvrages
de référence en langue française et la quasi-indisponibilité des ouvrages soviétiques.
Il convient de souligner que le Sambo était un sujet sensible en ex-URSS
, et qu'il était méconnu ou assimilé au judo par certains en Europe - on parlait
de judo russe - dans sa version sportive, et plus sévèrement caché encore dans
sa version close combat car réservé aux seuls membres du complexe militaro-policier,
omniprésent dans le système soviétique. | |
Origines
du sambo: Le Sambo n'est pas une invention récente. Le système de
l'autodéfense et du combat sportif a été fondé sur la base de diverses formes
de lutte, notamment les luttes nationales des républiques de l'ex-URSS, mais aussi
les systèmes d'autodéfense étrangers. L'arsenal des techniques du Sambo est composé
de la plupart des formes de luttes citées dans les chroniques monacales du X-XIe
siècle, les Bylines (chants épiques russes)(2). En outre, les populations
del'ex-URSS avaient depuis des siècles recours à l'habillement pour saisir et
porter des prises, qui, de ce fait, étaient déjà proches de styles comparables
comme la Lutte Bretonne ou le Judo. Le sambo moderne est issu, entre autres,
de la lutte Tatare Kourieg, du Kouriech de Touva, du Khopsagaï Yakoute, de l'Akatouï
Tchouvaque, du Tchidaouba Géorgien, de la Lutte russe à mi-corps, du Goretch Turkmène,
et d'une quinzaine d'autres styles. | |
Les
fondateurs du sambo: Les arts martiaux traditionnels possèdent habituellement
un seul fondateur historique ; le sambo, sport de synthèse, revendique au moins
trois experts russes fondateurs. Il apparaît d'emblée comme le résultat d'un travail
collectif et cumulatif. Il faut souligner qu'aucun de ces trois hommes n'est jamais
qualifié de " maître " au sens oriental du terme et que les informations découvertes
à leur sujet sont rares et parfois contradictoires ; il n'existe pas de biographies
complètes à proprement parler mais plutôt de courts résumés de qualités diverses
figurant souvent dans les premières pages des manuels d'entraînement, parfois
résumés dans la presse et largement déformés sur Internet. Le premier de ces "
experts " à être reconnu historiquement est SPIRIDONOV. Il est considéré comme
le plus ancien promoteur soviétique du Sambo. SPIRIDONOV est un officier russe
du début du siècle qui a participé à deux conflits. Il est blessé pendant la Première
Guerre mondiale et se trouve en réserve au moment de la Révolution d'Octobre.
Favorable à la Révolution, il reprend du service. En 1919, il travaille à la direction
principale des blindés de l'Armée rouge, puis devient instructeur d'autodéfense
à Moscou. On peut dire de SPIRIDONOV qu'il a influencé la forme martiale du Sambo,
d'abord réservée aux troupes spéciales tsaristes. C'est le Système SAM, (Samozashita)
dont l'efficacité est le critère principal. SPIRIDONOV sillonne l'Europe et sélectionne
les meilleures techniques de boxe anglaise, de boxe française, du combat corps
à corps de l'armée et du ju jitsu. Il supprime les attaques sur les points vitaux
de ce dernier système, car l'habillement épais des Russes les rend inopérantes.
Dès les années 20, il commence son enseignement auprès du cours des instructeurs
de sport et de préparation militaire de Moscou. Toutes les années précédant la
Seconde Guerre Mondiale, il administre le Sambo au Dynamo Club, qui est géré par
l'Armée Rouge. Dans l'enseignement pratique, SPIRIDONOV a introduit les techniques
d'actions, formes d'enchaînements libres privilégiant les combinaisons techniques,
élaborées à partir des diverses formes d'autodéfense et de combats singuliers
sportifs. Il disparaîtra peu avant la Seconde Guerre mondiale. OSCHEPKOV reprend
le travail de SPIRIDONOV dans une version sportive. Né à Sakhaline en 1895 et
orphelin, il est placé à la mission catholique orthodoxe St Nicolas au Japon.
En 1913, c'est le premier russe à obtenir la ceinture noire des mains de Jigoro
KANO. Il disparaît pendant 10 ans. A son retour en URSS, il veut européaniser
le judo. Avec un groupe de spécialistes de luttes d'URSS, il complète la 'Lutte
libre' qui préfigure le sambo sportif actuel. OSCHEPKOV diffuse largement le nouveau
style, qui se popularise dans les instituts sportifs des grandes villes telles
que Moscou et Leningrad. Plus tard, OSCHEPKOV, reprend les traditions vestimentaires
et techniques des styles traditionnels, et dote ses lutteurs d'une solide veste,
très près du corps, dans laquelle passe une ceinture qui la maintient fermement
C'est lui qui a abandonné le kimono traditionnel au profit de vestes spéciales
de Sambo (Kurka) et de shorts sportifs (Trusi), et qui a introduit l'usage des
chaussures de Sambo en cuir à semelle souple. KHARLAMPIEV est le troisième promoteur
important du Sambo. Il est né dans la famille d'un pionnier de la boxe russe.
Dès 16 ans, déjà instructeur de culture physique, il commence à étudier les diverse
formes de luttes nationales et internationales. De nombreuses années d'assimilation
des techniques d'autodéfense, une pratique personnelle de ces diverses techniques
dans des heurts occasionnels le persuadent de la nécessité d'influer sur un système
de combat moderne. Après la Seconde Guerre Mondiale, à laquelle il a participé,
il travaille pendant de longues années au Dynamo Club de Moscou, où il organise
un large réseau d'enseignement des techniques d'autodéfense pour les troupes des
Affaires Intérieures et il met au point la progression technique de sections sportives
importantes. Il enrichit les recherches de SPIRIDONOV et d'OSCHEPKOV et réalise
la synthèse de leurs travaux. Comme pour les deux autres experts samboïstes, nous
avons peu d'éléments sur la fin de sa vie, survenue après 1953. Le Sambo pendant
la période révolutionnaire: Favorisé par un contexte où la culture physique et
le sport furent mis au service de l'entraînement militaire général et la préparation
au combat contre les ennemis de la jeune République soviétique, le sambo connaît
un essor rapide tout en restant confidentiel aux yeux de l'Occident. En 1918,
sur ordre de Lénine, est créé le VSEVOBUCH (Instruction Militaire Générale)(3).
Cette organisation de préparation de l'armée Rouge fut la première étape de développement
du sambo soviétique. Elle est le commencement d'une véritable militarisation du
sport en Union Soviétique : des clubs sportifs sont créés dans les usines, les
dépôts de chemin de fer et les mines du pays. Le rôle du Komsomol (organisation
des activités de la jeunesse) est très important : Cet organisme forme des cellules
de jeunes au combat à mains nues, précurseur du système SAM, dans des centres
paramilitaires. En 1923, la société sportive Dynamo, qui est contrôlée par l'armée
Rouge, autorise la création d'une section d'enseignement des luttes nationales
et des techniques d'autodéfense. OSCHEPKOV et SPIRIDONOV y travaillent et érigent
leurs techniques en système à la fin de 1929. En 1935, le travail de systématisation
des techniques de combat et d'autodéfense est achevé. La première compétition
de Sambo sportif se déroule pour la première fois à Moscou. Les débuts officiels
du sambo sportif: En 1938 a lieu la première rencontre des professeurs et enseignants
de Sambo de toute l'Union Soviétique. Le 16 novembre de la même année, le Comité
du Sport et de la Culture physique officialise par un rapport l'existence du Sambo,
synthèse des diverses formes populaires telles que la lutte géorgienne, tadjike,
kazakhe et kirghize. A cette époque, le Sambo se diffuse dans les grandes villes
comme Moscou, Leningrad, Kharkov, Bakou et Saratov. Un an plus tard se tient le
premier championnat national réunissant 56 athlètes à Leningrad. Parmi les huit
vainqueurs retenus se trouve TCHOUMAKOV, figure marquante du sambo à cette époque.
La Seconde Guerre Mondiale éclate. Des détachements spéciaux de sportifs sont
crées en URSS. Les samboïstes présents dans les rangs de l'armée Rouge assurent
la préparation des éclaireurs et de l'infanterie. De nombreux récits circonstanciés
d'actes de bravoure accomplis par les samboïstes lors de l'occupation allemandefigurent
dans les manuels(4). L'Institut Lesgaft envoie 316 'étudiants' entraînés au combat
sans arme (système SAM) dans les lignes allemandes pour effectuer des missions
de sabotage. Le succès est tel que l'nstitut est décoré en 1944 de l'Ordre du
drapeau Rouge. Devant l'importance prise par la guerre de guérilla en attendant
que l'armée Rouge, d'abord en déroute, se reconstitue, on forme au système SAM
dans l'urgence 31 000 instructeurs au combat corps-à-corps dans les bases arrières
du Kazakhztan entre 1941 et 1942. Le sambo dans la guerre froide: La Deuxième
Guerre achevée, de nombreux samboïstes sont envoyés dans les autres pays de l'Est
pour diffuser le sambo. C'est en Bulgarie que se constituera la plus brillante
école. La tension internationale s'accentuant par le fait du rideau de fer et
de la guerre froide, les informations sur le sambo des années 50 sont très rares.
A partir de 1947 en URSS, les compétitions de sambo ont régulièrement lieu en
individuel, et par équipes en 1949. Les autorités soviétiques sont alors partagées
entre le désir de développer le sambo sur le plan mondial et l'impératif de discrétion
absolue concernant le sambo d'autodéfense. Ce paradoxe explique les hésitations
et la diffusion très faible du sambo dans le monde occidental. Premières influences
du sambo: Peu après les années 50 commence une période d'influence du sambo. Comme
le relate NISHIOKA, le judo a augmenté le nombre de ses catégories de poids de
4 à 8, ajouté une cotation pour le combat actif, et développé le combat au sol,
dès lors que celui-ci est mené énergiquement. Les samboïstes ont emprunté quelques
aspects des méthodes d'entraînement des judokas, comme la répétition technique
et les randori souples. Dès le début des années 60, les Japonais sont parmi les
premiers à créer une Fédération de sambo dans leur pays, qui organise des championnats
nationaux et participe aux rencontres internationales. Le Sambo est alors un style
placé sous l'égide de la F.I.L.A., qui le reconnaîtra officiellement comme le
troisième style international lors de son congrès régulier de juin 1966 à Toledo
(USA). Théodore ASLAMATZIDIS: Doctorant - Université de Paris-Sorbonne Secrétaire
Général de la Formation Française Amateur de Sambo Historique Après la révolution
d'Octobre 1917, le gouvernement soviétique est à la recherche d'un système de
combat rapproché à destination de ses troupes armées, afin de leur assurer une
supériorité en cas d'affrontements au corps à corps. Dans cette optique, En 1923,
un groupe d'experts de l'association sportive Dynamo fut désigné avec pour mission
de recenser toutes les techniques efficaces contenues dans les arts de combat
hors de l'URSS, synthétiser les techniques des luttes régionales du territoire
de l'URSS. Ainsi, le SAMBO, contraction des mots SAMozatchita Bez Orougia (défense
sans armes), commença petit à petit à être codifié, si bien qu'en 1935 une synthèse
d'arts martiaux était née. Celle-ci regroupait toutes les techniques jugées efficaces
en combat réel des systèmes martiaux d'Europe et d'Asie, offrant ainsi un potentiel
de plus de 5 000 techniques et enchaînements. Maître KHARLEMPIEV eut l'occasion
de démontrer l'efficacité de ce système devant de hauts dignitaires de l'armée
soviétique car il vainquit à mains nues, lors d'une démonstration, un boxeur et
quelques hommes armés. En quelques secondes, tous furent mis hors d'état de nuire.
A la suite de cette démonstration, le Sambo fût adopté par l'armée, les milices,
et le KGB. Rapidement cette discipline subit une subdivision : &Mac183; enseignement
tel quel aux seules forces spéciales de l'armée et de la police, sous la forme
de techniques redoutables en combat réel, &Mac183; transformation sous forme de
lutte, en retirant toutes les techniques dangereuses, dans un double but : 1.
créer un sport de masse purement soviétique, 2. détecter les sujets les plus aptes
à un enrôlement dans la police et l'armée et donc à l'apprentissage de l'art martial
complet. Le 16 novembre 1938, le Comité du sport et de la culture physique officialise
par un rapport l'existence du Sambo sportif. Ainsi, celui-ci put se développer
en U.R.S.S, permettant de créer le premier championnat en 1947. Ce n'est qu'après
la chute du Régime soviétique que l'on assiste avec, l'émigration de nombreux
experts russes à travers le monde, à l'évolution de l'enseignement du SAMBO selon
un système complet alliant disciplines sportives et non sportives.
| | |
| |
| | | | | |
|